dead and gone► SinnerElle toise, elle regarde, elle observe de ses grands yeux émeraude. Elle ne dit rien, n’interagit pas, se contente d'être juge d'une réalité dont elle est détachée. Dia n'écoute pas, elle ne cherche pas à comprendre ; elle ne cherche rien à observer la vie des autres ainsi, elle se plaît à être passive, un fantôme parmi les hommes.
Et ça lui va bien.
Ses longs cheveux roux, ses yeux si intensément verts, son regard fermé et agressif ; elle se fond étrangement dans la masse, cependant. Elle parle peu, se déplace silencieusement, disparaît et apparaît comme un brouillard matinal auquel personne ne fait attention. Comme si elle était une illusion, qu'elle n'existait pas. Mais Dia se plaît dans les ombres.
Elle n'aime pas parler, interagir - du moins elle s'y force tout de même, car elle sait que quelqu'un d'isolé qui ne vit pas en communauté ne peut que mal finir. Mais jamais elle ne s'ouvrira, les murs autour de son cœur sont trop hauts, trop épais, si bien qu'elle même a beaucoup de difficulté à les gravir. Dia a un peu abandonné le combat, sûrement trop tôt, et se laisse juste porter par le peu d'émotions qui ressort encore sans vraiment réussir à les comprendre.
Mais peu importe. Elle ne veut pas trop réfléchir.
Réfléchir lui fait peur. Quand elle pense, elle réalise sa solitude, son manque et tout ce qui ne va pas chez elle. Elle est une personne atypique et détachée, froide, dure certes ; elle n'est pas absente ou horrible pour autant. A l'intérieur elle bouillonne, ressassant sans cesse le passé, les souvenirs, des choses plus belles que ce qu'elle a sous les yeux maintenant. Des temps où elle était moins seule, plus épanouie, et où elle sentait qu'un jour peut être les choses pourraient s'arranger et empester le bonheur.
Elle est délicate, et un rien pourrait la briser. Son apparence froide ne laisse pas paraître ce côté de sa personnalité, et elle a finit par se convaincre qu'elle ne sait plus exprimer sa délicatesse de toute façon. Dia n'est pas indifférente, elle est même assez empathique, elle ne sait juste pas faire autre chose qu'observer et assimiler ; c'est sans doute égoïste, d'écouter sans ne rien faire, de s'effacer juste quand on en a besoin. Elle se plaît à être l'oreille de quelqu'un, l'épaule à qui pleurer, sans rien besoin de plus - elle ne saurait donner plus de toute façon.
Elle a peur du regard, du sien, des autres. Elle a vu des choses qu'elle n'aurait pas du voir, elle voit en elle des horreurs, et ne veut pas que les autres voient ses erreurs. Dia ne regarde jamais en face, dans les yeux. Elle fuit sans cesse. Elle se dérobe soit en s'écrasant, soit en vous écrasant. Elle ne sait plus trop comment elle doit se comporter envers autrui, mais essaye tout de même de s'améliorer.
Elle peut être douce, si douce, qu'on ne dirait pas qu'il s'agit de Dia. Elle n'est pas une brute à la base pour autant ; ce n'est pas un ange, et elle sait être horrible ; mais ce n'est pas un démon.
Elle pense être horrible, mais elle a encore un peu de pureté et d'innocence à l'intérieur. Une pâleur frêle dans son cœur, qui crie au bonheur, et qui a peur de tout le reste.
Si fragile, si brisable, qu'elle en devient dure et intouchable.
Comme un diamant.